Dans les dernières années du Châtiment, alors que le niveau de magie ambiante avait considérablement décru, les habitants de Kaer Kalavon crurent pouvoir entrouvrir leurs portes pour hasarder enfin un pied timide dans le monde extérieur.
Hélas, ils s'aperçurent bien vite qu'il était encore trop tôt et perdirent de nombreux hommes valeureux dès les premiers instants de leur sortie. Ils barricadèrent à nouveau les portes et reformèrent les sceaux de défense du kaer, sourds aux supplications des malheureux qui n'avaient pas eu le temps de se replier. Mais ils ne furent pas longs à comprendre ce qu'ils avaient laissé filtrer au sein de leur refuge.
Les occupants du kaer commencèrent en effet à dépérir, à se flétrir de l'intérieur, victimes d'une étrange et mortelle épidémie. Une Horreur s'emparait d'eux l'un après l'autre et leur faisait connaître une mort hideuse et particulièrement atroce.
Or, il se trouvait parmi les magiciens du kaer un puissant sorcier du nom de Daganil. En désespoir de cause, il fit fabriquer un coffre en bois précieux de la taille d'un cercueil et le couvrit de runes et de sceaux de protection, construisant ainsi une sorte de kaer individuel inviolable. Il y fit s'allonger sa fille unique et la plongea dans un sommeil magique pour qu'elle dorme en sécurité jusqu'à la fin prochaine du Châtiment.
L'Horreur poursuivit ses ravages dans la population de Kaer Kalavon, mais elle fut incapable de briser les défenses du coffre.
Et voilà comment la fille de Daganil dort aujourd'hui d'un sommeil sans rêves au milieu des trésors de son père en attendant le héros qui viendra l'éveiller, car l'Horreur ne laissa qu'un seul survivant, un pauvre fou qui finit lapidé par une population craintive et par lequel se perpétua la légende du coffre et de la belle ensorcelée. Le malheureux emporta avec lui dans la tombe le souvenir de l'emplacement exact de Kaer Kalavon et, depuis, nul n'a jamais retrouvé la trace du coffre fabuleux